Juin 2010 comme Septembre 2008 ?

mai 29, 2010 0 Par Michel Santi

Qui l’eût cru? La Grèce, pays de 11 millions d’habitants à l’économie équivalente au quarantième des Etats-Unis, est en passe de réintégrer les livres d’Histoire pour avoir induit une réaction en chaîne dont le dernier soubresaut est la dégradation de la notation internationale de l’Espagne! Le filet de sauvetage accouché à grand fracas par des autorités Européennes velléitaires n’aura donc servi à rien si ce n’est à accentuer la vulnérabilité de certains maillons faibles…

La question que les Grecs feraient mieux de ne jamais se poser est: ce plan d’urgence a-t-il été mis en place pour les sauver ou – plus vraisemblablement – pour éviter une liquéfaction généralisée à la Lehman Brothers (Septembre-Octobre 2008) ?! Un défaut de paiement Grec aurait à l’évidence un impact immédiat sur des pays comme le Portugal, l’Espagne, l’Irlande qui subiraient du coup une fuite des capitaux potentiellement dévastatrice qui assècherait et paralyserait complètement leur train de vie avec, à la clé, des faillites bancaires spectaculaires d’établissements ne parvenant plus à lever des fonds pour financer leurs activités quotidiennes… Déroute des marchés boursiers et obligataires, panique généralisée, interruption généralisée des crédits, économie en léthargie … seraient autant de réjouissances qui s’imposeraient si l’Europe échouait à juguler cette crise sachant que la croissance y restera – quel que soit le scénario- misérable pendant encore quelques années du fait des coupes drastiques dans les dépenses Etatiques… La contribution de notre pauvre continent à la croissance et à la reprise mondiales s’avère décidément et irrémédiablement insignifiante!

Dans un tel contexte, l’Administration Obama s’inquiète de l’attitude Allemande qui, outre l’effondrement programmé et inéluctable de l’Euro, est susceptible d’insuffler à la crise financière une nouvelle dimension, nettement plus dramatique encore que l’épisode Lehman. C’est ainsi qu’il faut comprendre le voyage du Secrétaire d’Etat au Trésor, Tim Geithner, effectué en fin de semaine dernière en Allemagne où, par delà des sourires et des discours de circonstance, il fut facile de déceler une anxiété Américaine vis-à-vis de l’approche Allemande – et donc Européenne. Les intérêts vitaux des USA leur dictent effectivement une attitude de compassion et de soutien envers cette Union Européenne où ils écoulent le quart de leurs exportations et dont les établissements financiers ont prêté 1’500 milliards de dollars en 2009… Pourtant, il semblerait bien que, hormis le Gouvernement US actuel, nul ne se passionne aux USA pour les déboires du vieux continent. Le Sénat n’a-t-il ainsi pas tout récemment voté – plébiscité devrait-on dire! – par 94 voix contre 0 la stricte limitation de la participation financière de leur pays de la cadre du soutien du F.M.I. à l’Europe?

En fait, la tempête Européenne semble ne pas plus concerner les politiciens Américains (peu enclins à tailler dans leurs gigantesques déficits publics) que la population d’une nation pas vraiment consciente que la question des déficits pourrait également se retrouver du jour au lendemain propulsée aux sources même d’un sauve qui peut généralisé hors des actifs US!

Toujours est-il que l’Europe se retrouve aujourd’hui dans l’oeil du cyclone et que la problématique centrale qui ne manquera pas de se poser très prochainement aux pays même les plus solides, comme l’Allemagne ou la France, consistera en leur approvisionnement en liquidités pour leurs besoins à court terme. Une émission obligataire de l’Etat Allemand ayant ainsi et de justesse été souscrite il y a une semaine … grâce à la Bundesbank qui a racheté le reste des Bons ayant été boudés par le marché! De fait, les indicateurs clés comme le LIBOR se tendent d’ores et déjà, révélant un stress au niveau des liquidités interbancaires. Ces signaux émis par les marchés sont à prendre très au sérieux: une nouvelle liquéfaction semble à l’ordre du jour.

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