Etats-Unis: quel Plan B ?
Avec une petite équipe autour de lui, le Secrétaire d’Etat US au Trésor travaille à des scénari alternatifs dans l’hypothèse – aujourd’hui de plus en plus crédible – où le plafond de l’endettement américain n’était pas relevé à la date butoir du 2 Août prochain. Le gouvernement devra en effet continuer à tourner ou, à tout le moins, à tenter de le faire avec les moyens du bord qui seront nécessairement limités par son obligation de sélectionner ceux qu’il pourra payer de ceux auxquels il devra déclarer son défaut de paiement. Bien que certains analystes aient évoqué la possibilité d’invoquer le 14 ème amendement qui permettrait, selon eux, à Obama de court-circuiter le Congrès en augmentant seul le palier de l’endettement national, cette hypothèse extrême est rejetée tant par le Président que par ses proches conseillers qui reconnaissent que seul le Congrès est constitutionnellement habilité à procéder à des emprunts…
Plus vraisemblablement et de prime abord, le gouvernement pourrait décider – à l’image d’un débiteur lambda croulant sous les dettes – de tout bonnement vendre certains de ses actifs comme les réserves d’or ou ses titres adossés aux hypothèques ! La Trésorerie devra également envisager de retarder le règlement de toute une série de bénéficiaires – comme les fonctionnaires – afin de s’acquitter en priorité de ses obligations envers ses créanciers titulaires de ses Bons du Trésor. Comme elle est supposée percevoir quelque 172 milliards de dollars en Août, cette somme ne couvrira ainsi (en l’absence de toute nouvelle levée de fonds) même pas la moitié – en fait 45% – de ses besoins en liquidités pour honorer ses créanciers. Pour le Président Obama, une décision fort difficile à prendre devra consister en la suspension des allocations de 49 milliards à distribuer en Août au titre de la Sécurité Sociale sachant que, par ailleurs, il sera impératif et très compliqué de re programmer les 80 millions mensuels de paiements automatisés effectués par les ordinateurs du gouvernement…
La Réserve Fédérale jouera enfin un rôle non négligeable même si elle n’a strictement pas la capacité de lever elle-même des fonds sur les marchés – ce qui serait assimilé à intervenir dans la politique fiscale et budgétaire qui ne fait nullement partie de son mandat. Néanmoins, son rôle d’intermédiation sur les marchés consisterait en une sélection opportune des chèques émis par le gouvernement qu’elle déciderait d’honorer en premier. Sans oublier sa fonction cruciale de Banque Centrale qui la mettrait aux premières loges pour jauger et tenter d’atténuer les réactions – à n’en pas douter – violentes des marchés à un défaut de paiement, même partiel, de l’Etat fédéral. N’y avait-t-elle pas en effet contribué de manière déterminante lors de la déconfiture de Lehman ?
Vous l’aurez compris, ce sera la « Terra incognita » dès le 2 Août avec, en perspective, une volatilité intense des marchés financiers !