Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement

octobre 19, 2011 0 Par Michel Santi

Dans le cadre de la réduction de ses déficits, le devoir d’un Etat est de concentrer tous ses efforts afin d’en minimiser les retombées néfastes sur la vie quotidienne de sa population. C’est en effet exclusivement les classes pauvres et moyennes qui doivent sempiternellement supporter l’intensification de la pression fiscale et des restrictions budgétaires quand leurs dirigeants prennent la résolution de s’attaquer aux déficits publics. D’autres solutions plus équitables – dans le sens où cet assainissement est partagé avec d’autres intervenants – existent pourtant.

 

Ainsi, pourquoi écarter d’emblée l’hypothèse – parjure pour beaucoup d’économistes – du défaut de paiement d’une dette souveraine si ce n’est par crainte – par hantise devrait-on rajouter – de léser les intérêts de la classe des investisseurs détenteurs de Bons du Trésor ? Et comment ignorer la voie pourtant si commode de l’inflation où c’est carrément l’ensemble des actifs qui perdent de leur valeur par rapport au renchérissement du coût de la vie ? Car, dans notre conjoncture présente vivement tourmentée, rares sont les nations qui sont capables de ramener leurs ratios d’endettements dans des seuils tolérables en profitant de niveaux de croissance à même de soulager les sacrifices consentis par leur population. C’est effectivement l’autre cas de figure qui s’appliquera de façon quasi généralisé au sein des économies occidentales, à savoir l’instauration d’une stricte discipline fiscale asséchant tout sur son passage avec, à la clé, une rigueur appelée à perdurer pendant de longues années. Sauf à être compensée par le défaut (salutaire) de paiement de l’Etat en question ou encore par un défaut partiel, c’est-à-dire par de l’inflation.

 

C’est pourtant le pire des scénari qui est aujourd’hui, non pas proposé, mais imposé à l’Europe périphérique. Impossible en effet pour ces pays de soulager leurs citoyens – assommés par une pression et par une austérité fiscales et budgétaires sans précédents – grâce à une dose minimale de croissance : en effet, comment gagner en compétitivité sans dévaluer sa monnaie ? En outre, leur participation à l’Euro les empêche de miser sur la soupape inflationniste, particulièrement dans le contexte d’une BCE contaminée par les obsessions inflationnistes allemandes. A court ou à moyen terme, le défaut de paiement de la Grèce est donc absolument inéluctable et ce dans l’intérêt même de sa population meurtrie.

 

Pour autant, la voie et les voix traditionnalistes – notamment anglo-saxonnes – partent toujours du principe incontournable et qu’ils refusent de remettre en question selon lequel la discipline fiscale reste la seule issue aux déficits d’une nation. En réalité, cette hyper-orthodoxie ayant imposé ses vues aux organisations internationales et au reste du monde prend ses origines dans les expériences historiques de deux nations – la Grande Bretagne et les Etats-Unis – n’ayant jamais dû faire appel au défaut de paiement pour redresser leurs économies respectives. C’est en effet le deuxième conflit mondial qui a évité la banqueroute américaine subséquente à la Grande Dépression comme c’est son statut de puissance dominante qui avait maintes fois sauvé au XIX ème siècle une Grande Bretagne surendettée…

 

En l’absence de facteurs déterminants ou d’une miraculeuse « main invisible », les nations croulant sous leurs endettements sont condamnées pendant des années à vivre sans croissance avec, comme corollaire, une difficulté grandissante à juguler leurs déficits. Notre monde est ainsi voué à une combinaison maléfique de dépression, de déflation, d’inflation et de crises monétaires. La seule porte de sortie consistant en une augmentation des dépenses publiques jusqu’à ce que la croissance économique puisse voler de ses propres ailes. Il est aujourd’hui vital de bannir les termes de rigueur et d’austérité de notre vocabulaire.

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