Michel Santi

AAA : travaux pratiques

En relation avec mon précédent article sur la situation française, ci-joint un graphique explicitant la dégradation du différentiel entre les Bons du Trésor à 30 ans de ce pays et ceux de l’Allemagne. Ce « spread » atteint donc aujourd’hui plus de 120 points de base – niveau jamais enregistré jusque là en tout cas depuis le lancement de l’Euro – et se traduit en des frais de financement sur les marchés obligataires de 1% plus chers pour la France ! On comprend mieux à l’aide de ce graphique la fixation du gouvernement actuel par rapport à la conservation de ce sésame qu’est son AAA. En effet, outre la fierté d’être une des rares nations de ce monde à détenir cette notation maximale – et, en creux, le constat d’échec que constituerait sa perte pour les dirigeants actuels – c’est bien-sûr les comptes publics français (et donc la croissance) qui seraient affectés par une dégradation. Il convient néanmoins d’insister sur l’aspect insidieux de ce système de notation qui induit souvent un effet amplificateur ou « boule de neige » : le creusement du différentiel entre les obligations françaises et allemandes justifiant de la dégradation de la notation de la France aggraverait donc ses coûts de financement avec, à la clé, une envolée de la courbe française, c’est-à-dire un différentiel encore plus important entre les Bons des deux pays et ainsi de suite… Les autorités françaises sont donc disposées à tous les sacrifices pour maintenir ce AAA sachant que c’est l’ensemble de l’Union Européenne qui serait secouée par la perte de ce talisman. N’oublions en effet pas que le Fonds de Stabilité est garanti par les différents membres et que la dégradation du AAA d’un des deux pays européens les plus importants fragiliserait à coup sûr l’édifice destiné à sauver les nations en difficultés. Il est en effet vital que ce dispositif soit d’une crédibilité à toutes épreuves afin de persuader les investisseurs et les marchés de continuer à financer les pays européens les plus fragilisés.

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