
Sale temps pour tous ceux qui pensaient avec un enthousiasme naïf que les sommes pharamineuses déversées par nos Etats pour faciliter la transition carbone seraient toutes utilisées à bon escient. Ce qu’il est possible désormais de qualifier de scandales verts se succèdent depuis un certain temps : reflet – ou la conséquence – de gouvernements se livrant une véritable course à qui dépensera le plus afin d’atteindre au plus vite le stade du zéro émission. Voilà l’équipe Biden qui prévoit de déverser entre 700 et 1’000 milliards sur la transition énergétique, l’Union Européenne qui alloue 270 milliards sur son “Green New Deal”, pour commencer… Interrogé tout récemment à l’occasion d’une conférence au Maroc, l’ancien Gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mike Carney, annonce un chiffre de 130’000 milliards de dollars qui devront impérativement être consacrés ces prochaines années par les nations de ce monde en faveur de la transition énergétique !
Ces sommes absolument étourdissantes destinées à tenir des objectifs respectables et ambitieux sont toutefois distribuées avec empressement. Il est aisé de prédire qu’elles ne finiront cependant pas systématiquement dans de bonnes mains. C’est comme si ce qui comptait n’était pas tant le but à atteindre que le souhait des pouvoirs publics et de certains grands donateurs privés de démontrer qu’ils ne reculent devant aucune dépense. Les controverses émergent donc, les scandales aussi, parfois même les escroqueries. Quoi de plus prévisible en réalité dès lors que des océans de liquidités sont déversés sans discernement dans un contexte où fort peu de pays – pour ne pas dire aucun – n’a encore mis en place un dispositif pour contrôler de manière stricte l’usage qu’en font in fine les bénéficiaires ?
Cette fièvre qui atteint un nombre croissant d’entreprises et d’investisseurs préoccupés de ne pas rater les opportunités fastueuses de ce nouvel eldorado est favorisée par une régulation déficiente, car ces projets verts ne sont pas soumis aux mêmes règles de surveillance que les placements traditionnels. C’est ainsi que, suspecté de trafic d’influence dans un scandale impliquant des mines de lithium constituant un matériau crucial pour les voitures électriques, le Premier Ministre portugais, António Costa, dut démissionner il y a quelques jours après avoir subi une perquisition des enquêteurs. Que le fondateur de Nikola qui fabriquait des camions électriques fut condamné pour fraude, alors même que sa société valait un temps plus que Ford. Ou que South Pole, société suisse active dans la compensation d’émissions carbone, est impliquée dans une sombre histoire ayant rapport avec le Zimbabwe.
Une portion importante de ces centaines de milliards dédiés par nos Etats en faveur de cette Révolution verte fera donc immanquablement défaut, soit soustraite de manière illégale, soit tout simplement dilapidée par manque de rigueur de ses bénéficiaires.
Il semblerait que nos autorités se bornent à employer de vieilles recettes face à un marché nouveau exigeant une régulation qui lui soit adaptée. Il devient indécent, aujourd’hui, de pérorer sur les milliards consacrés à l’objectif zéro Carbone dans le seul but démagogique de démontrer aux citoyens le sérieux de la lutte des exécutifs pour atteindre ce but. En une époque où les déficits souvent béants des Etats combinés à des taux d’intérêt élevés nous annoncent, sinon une nouvelle tempête, au minimum un retour forcé à la sobriété, force est de constater que les montants vertigineux canalisés vers la transition énergétique sont souvent très mal dépensés.
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