
Les excédents chinois ne sont pas éternels. Tout comme le néolibéralisme n’est pas immuable.
Même si la quasi-totalité des économistes, des analystes et des journalistes s’insurgeaient dès lors que de très rares comme moi osaient le remettre en question. Il était le dogme absolu, puissance irrésistible, déterminisme qui imposait une continuité lourde, au long cours, contre vents et marées. Jürgen Habermas avait visé juste en qualifiant ce rouleau compresseur de «théologie contemporaine», que nul n’osait nommer, comme s’il était une sorte de sacré que nul ne pouvait toucher ni même articuler. Mentionnez-le dans un entretien télévisé et vous étiez un paria. Stigmatisez-le dans un article et vous passiez pour un fantaisiste.
Pourtant, notre système des libertés a progressivement été foulé aux pieds par les monopoles en tous genres et à divers degrés qui ont renchéri les coûts de la santé, des médicaments, de l’alimentation, des produits agricoles, de toute une gamme de denrées et matières. Ce sont des dizaines de millions d’indépendants qui ont été poussés à la faillite, ce sont des centaines de villages et de petites villes qui ont été asséchés.
En 2025, qui reste-t-il qui continue à nier que les effets collatéraux de la globalisation se déclinèrent en fracturation sociale et en apogée des inégalités ? N’était-elle pas censée sécréter quasi-mécaniquement le bien-être, augmenter la productivité à la faveur des échanges commerciaux libéralisés ? Voilà précisément pourquoi toutes les barrières furent abattues : car marchandises et capitaux se devaient de circuler sans contrôle ni régulation. Quant aux perdants –si toutefois il y en aurait ? – ils seraient compensés demain par une élévation de leur niveau de vie.
La montée du sentiment protectionniste émane évidemment de la stagnation économique sévissant dans la quasi-totalité des pays occidentaux qui ont dû adopter le rouleau compresseur de la rigueur budgétaire. Ne soyons donc pas étonnés du rejet violent de la globalisation, de tout ce qu’elle représente parmi la majorité des citoyens vivant dans ces économies que l’on affuble du qualificatif d’»intégrées» quand il est de notoriété publique que ce sont des machines à exclure et à précariser… Pour nos vieilles démocraties, la globalisation est systématiquement devenue synonyme d’hyper concentration des richesses et de perte d’influence du politique réduit au rôle de marionnette, voire de pantin.
Rien ne pourra être entrepris contre cette confiscation de notre souveraineté économique et même publique sans le retour à une certaine forme d’idéologie, laquelle a été censurée par le néolibéralisme qui – tout au long de ces quarante dernières années – nous a persuadés que seul le mercantilisme et que seul le profit comptaient.
Il est donc impératif d’infléchir les effets de la globalisation car – qu’on le veuille ou non – elle est là pour rester et pour durer, et nous ne pouvons nous refermer comme une huître.
Comment ? En adoptant toute une série de mesures, de règlements et de lois qui contribueront à protéger notre classe moyenne. Inspirons-nous, un peu, de cette Chine si vilipendée pour qui «la globalisation est comme une moustiquaire qui laisse passer l’air frais mais qui laisse les moustiques à l’extérieur»…
Contrairement au Président américain pour qui le terme de «tariff» est «le plus beau du vocabulaire», agissons avec discernement : choisissons les secteurs que nous souhaitons privilégier et faire prospérer, calibrons nos mesures et nos messages. Comme les grands pays exportateurs. Comme l’Allemagne. Comme le Japon. Comme la Chine.
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