Laissons-nous aller quelques instants à la théorie du complot qui, en l’occurrence, nous indiquerait que le monde de la finance et des dirigeants d’entreprises est contre le plein emploi. L’intervention de l’état est pourtant capable de résorber efficacement le chômage parmi nos populations. A travers des investissements publics, comme la construction ou la réfection d’écoles, d’hôpitaux ou de routes. A travers des prestations sociales, des subventions accordées aux produits de première nécessité, voire une diminution de la taxation directe de certains foyers fiscaux et des PME. A travers une réduction de la T.V.A. Autant de mesures qui, conjuguées selon un calendrier judicieux et ciblées et selon un dosage rationnel sont susceptibles d’opérer une décélération substantielle du chômage. Il va de soi que cette majoration du revenu des ménages pauvres et moyens bénéficieraient en tout premier lieu à la consommation, c’est-à-dire aux entreprises et donc, en définitive, à leurs directions générales ainsi qu’à la finance pourvoyeuses de crédits.
Ceux-ci sont cependant farouchement opposés à ce type de reprise économique redevable à l’état, comme ils luttent avec véhémence contre tout accroissement des prestations sociales. En dépit des retombées favorables sur leurs propres entreprises et sur la bonne tenue du système financier. En réalité, c’est des motifs idéologiques qui alimentent la vindicte du grand capitalisme et de la haute finance à l’encontre de l’accroissement du rôle de l’état dans la vie publique ainsi que dans l’activité économique. Il leur importe peu que le plein emploi puisse être rétabli par cet interventionnisme étatique, comme ils balaient d’un revers de main ce gonflement subséquent de leurs propres bénéfices suite à cette action étatique, si le prix à payer consiste pour eux en une perte de contrôle sur l’économie et sur les pouvoirs publics. La finance – qui, aujourd’hui, détient toutes les clés de notre prospérité – s’oppose en effet à l’usage des déficits publics pour stabiliser et relancer nos économies, car elle est consciente que le retour de l’état signerait son arrêt de mort.
Selon elle, l’emploi ne saurait être qu’une variable de l’investissement privé dans l’économie : il s’améliore en cas de reprise de la confiance et se doit d’être revu sans état d’âme à la baisse en fonction du recul de la production et de la régression des financements consentis aux acteurs économiques. Le plein emploi – ou, à tout le moins, l’amélioration substantielle du chômage – n’est donc nullement la priorité des financiers qui y voient au contraire un danger pour la bonne marche de leurs affaires. Dans le grand circuit financier et patronal, l’employé et le salarié sont effectivement des pions – ou des poids morts – à avancer et à reculer – voire à jeter – selon la profitabilité de l’entreprise et la stratégie des investisseurs. Dès lors que la valeur travail est sacralisée, le salarié devient un « empêcheur de tourner en rond »…
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