
Que le fonds d’entraide européen, actuellement de 250 milliards d’Euros, soit élargi à 440 ou à 500 milliards d’Euros ne modifiera pas les fondamentaux européens même si les marchés pourraient – et seront – rassurés sur le court terme. Il va de soi que l’assistance de ce fonds éviterait à certaines nations hautement sinistrées le défaut pur et simple avec toute la chaîne de répercussions catastrophiques sur leurs économies nationales respectives, sans même évoquer la ruine potentielle du système bancaire européen… C’est bien-sûr la récession qui menace l’Union si ses dirigeants ne s’entendent pas de suite sur un fonds qui devra nécessairement être plus étoffé.
Néanmoins, ces mesures d’urgence – aussi énergiques fussent-elles – ne concerneront que la forme et non le fond qui, lui, est plus que préoccupant: Comment ignorer en effet que ce fonds sera alimenté par des pays eux-mêmes largement endettés? L’endettement public italien qui est à 131 % de son P.I.B. ne dépasse-t-il pas celui d’un pays fortement ballotté comme l’Espagne où il n’est que de 72% … pendant que la France, elle, affiche un chiffre à 92%? Les investisseurs qui, pour le moment, estiment qu’il est encore sûr de prêter à la France à des taux raisonnables du fait de son économie toujours perçue et analysée favorablement, ne pourraient-ils pas être amenés à revoir leur jugement à la faveur d’une quelconque alerte ou d’un incident même mineur affectant les fondamentaux du pays? L’expérience et l’histoire ont largement démontré la volatilité de cette confiance et de cette perception d’investisseurs à l’évidence uniquement soucieux de leur propre rentabilité.
L’Union se retrouve donc aujourd’hui embourbée dans un cercle vicieux où des pays endettés sont contraints de prêter à d’autres pays très lourdement endettés dans une fuite en avant où la défaillance d’un seul petit pays serait susceptible d’effondrer tout ce château de cartes. Et que dire du défaut inimaginable d’un pays comme l’Italie ou la Belgique qui nécessiterait à lui seul des sommes allouées en urgence dont les montants dépasseraient largement la surface d’un fonds d’entraide, même élargi? L’Union Européenne devra-t-elle dans cette hypothèse faire appel à la générosité chinoise?
Car elle se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins: comment pérenniser un Etat social financé par des dettes colossales, comment aider certaines nations (comme la Grèce ou l’Irlande) à survivre en dépit d’une récession impitoyable et comment gérer les effets souvent pervers de la monnaie unique? L’unité européenne tournera-t-elle à la discorde, voire à la dissonance cacophonique avec, à la clé, un affrontement ouvert entre nations (comme l’Allemagne) soucieuses de se préserver pendant que celles qui sont assistées rejettent sur leurs créanciers la responsabilité d’une austérité pourtant indispensable? Le dilemme est donc cornélien car trop de rigueur induirait une récession qui creuserait à son tour davantage les déficits alors que l’instauration d’une austérité peu crédible ne satisferait pas les investisseurs qui exigeraient sur leurs prêts des taux d’intérêts plus élevés résultant en une aggravation de ces mêmes déficits…
Que les problèmes nippons semblent carrés en comparaison au casse-tête européen…
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