
Car, en effet, que les dirigeants européens actuels ne s’y trompent surtout pas : il ne sera plus possible de revenir à la situation préalable à 2009 où les pays du Nord inondaient de capitaux le Sud, lequel finançait la prospérité des premiers à force de déficits et de bulles spéculatives. Tous les excès devant bien un jour ou l’autre être repayés, le Nord ne pourra rejouer cette partie où il bénéficiait outrancièrement de la prospérité du Sud, avant de s’en laver les mains et de s’en retirer à la moindre tourmente. N’est-ce pourtant pas ce qu’il a fait une première fois, abandonnant à son sort un immense pays comme l’Espagne dont la dette extérieure (du gouvernement, des banques et des ménages) est estimée à 950 milliards d’euros ? Que le Nord ne se fasse aujourd’hui nulle illusion car la crise ne s’estompera qu’à partir du moment où cette montagne de dettes aura été européanisée, c’est-à-dire mise en commun. La seule et unique manière de la réduire en effet étant de la diluer ou de la restructurer, c’est-à-dire à en éponger une partie… Les allemands parviendront-ils à s’opposer encore longtemps à cette inéluctable union de transferts, seule et unique porte de sortie de cette tourmente qui risque à tout moment de faire imploser la construction européenne ?
Car force est de constater que la stratégie actuelle de restrictions budgétaires et d’austérité généralisée au sein de l’Europe périphérique est contre-productive. Les dettes grecques ont-elles vraiment diminué en dépit des sacrifices gigantesques des citoyens de ce pays ? Bien au contraire en réalité, puisque l’investissement privé évite soigneusement ces contrées troublées et ruinées par une absence totale d’activité économique. La seule option pour la survie de l’Europe consiste donc en une mutualisation qui amorcera un effet de balancier. Que les politiques publiques des pays nordiques incitent donc leurs citoyens à consommer des biens, produits et services fournis par le Sud, afin que les excédents de ce Nord riche puissent au moins partiellement éponger les déficits du Sud. Que ce processus se fasse dans la sérénité et dans la durée, afin que – à un certain stade – plus rien ou quasiment ne différencie les économies du Nord et du Sud. Si ce n’est des particularismes liés aux traditions et aux identités propres à chaque nation, ou à chaque région. Au moins dans leur propre intérêt, que les allemands acceptent enfin l’idée que leurs excédents massifs ne sont pas éternels, et qu’ils devront être partagés.
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