
Comment ne pas faire le parallèle avec la position actuelle de dépendance accrue des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine qui ne va évidemment pas sans rappeler celle du Royaume-Uni vis-à-vis des USA à la fin du second conflit mondial ? Et comment ne pas se souvenir de la dureté américaine vis-à-vis de leur allié britannique qui, ayant et s’étant dépensé sans compter dans sa lutte à corps perdus contre le régime nazi, s’attendait à une ligne de crédit US de l’ordre de 3 à 5 milliards de dollars de l’époque censée le soulager de son effort de guerre surhumain et héroïque. Ce qui était sans compter l’intransigeance du Président Harry Truman qui devait conditionner le soutien financier de son pays à des modalités draconiennes qui consacrèrent définitivement le dollar comme monnaie de référence mondiale au détriment d’une Livre Sterling qui fut dès lors reléguée au second plan et d’une puissance britannique à tout jamais révolue. Les chinois seront assurément encore moins cléments vis-à-vis des Etats-Unis que ces derniers ne l’avaient été avec la Grande Bretagne. A l’heure où la reprise économique semble acquise aux yeux de la majorité des responsables et des analystes américains, les relations bilatérales entre la Chine et les Etats-Unis se résumeront de plus en plus à un bras de fer herculéen entre deux concurrents féroces car ces derniers lutteront jusqu’au bout et par tous les moyens afin de ne pas se retrouver dans la position où fut mis le Royaume-Uni en 1944-45.
Car être la nation détentrice de la première monnaie de réserve mondiale confère des avantages mais impose également un devoir de responsabilité. Il est en effet facile d’imprimer continuellement de la monnaie quand le reste du monde est suspendu au bon vouloir du pays détenant ce privilège exorbitant. S’il est vrai que Madoff a fraudé ses propres investisseurs, la Réserve Fédérale et les autorités financières US ont commis pour leur part ces dernières décennies des manipulations et des excès ayant enrichi la caste des Banquiers et abandonné à leur sort une écrasante majorité qui devait se démener avec un Dollar dont la valeur déclinait irréversiblement parce que couvert de moins en moins par des actifs tangibles et grevé de plus en plus par les déficits… Attendons-nous donc à fuite des capitaux hors des Etats-Unis qui se rendent compte aujourd’hui qu’ils ne sont plus le moteur de la croissance mondiale, ni même le seul et unique centre de gravité du pouvoir global. Que la vie était simple pour les Américains quand les influx de capitaux abondaient quotidiennement – comme naturellement – dans leur eldorado!
Alors : la chute du dollar marquera-t-elle l’agonie de cette économie consumériste où seul prime l’argent facile et rapide ? Notre continent Européen sera-t-il enfin capable de ce sursaut, de cette exigence d’intelligence tant espérés mais jamais avérés ? Et si, incapables aujourd’hui de drainer de nouveaux capitaux après une bulle des valeurs technologiques et tout juste sortis de leurs méga-bulles immobilière et du crédit, les Etats-Unis se servaient encore une fois de leur monnaie tout simplement comme un pion dans une partie d’échec mondiale, n’hésitant pas à la sacrifier afin de sauvegarder leur mode de vie ? Et si cette dépréciation à venir du billet vert n’était qu’une autre bulle ( à l’envers ) susceptible de ramener la croissance par une relance des exportations ? Un Dollar bas est en effet un remède idéal et facile à même de permettre à l’économie US un redémarrage qui autoriserait une réduction ultérieure de ses déficits car, en l’absence de cette consommation naguère clé de voûte du système, la variable de cet ajustement ne peut être que la monnaie !
Les Etats-Unis se livrent probablement à une nouvelle partie d’échecs mais ils semblent négliger que la Chine excelle de son côté au jeu de go hautement stratégique. Pour combien d’années encore les Etats-Unis seront-ils maîtres de leur destin ?
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