
Tandis que les deux précédents rounds avaient réussi à baisser les taux d’intérêts d’environ 1.65% tout en récupérant 2 millions d’emplois, les économistes lucides et le bureau du Congrès parviennent désormais à la même conclusion. De nouvelles baisses de taux quantitatives décrétées aujourd’hui n’auraient quasiment plus d’effets car les priorités se sont déplacées. Non que les créations d’emplois ne constituent plus la préoccupation des autorités US. Il sera cependant impossible d’améliorer les fondamentaux américains tant que plane la menace du « fiscal cliff », à savoir le cocktail implosif d’augmentation d’impôts et de réduction des dépenses publiques censées démarrer dès Janvier prochain. C’est donc la récession qui attend inéluctablement les Etats-Unis suite à ce « fiscal cliff », ce, avec ou sans nouvelles injections de liquidités. Romney élu avec son colistier Ryan, chantre de l’orthodoxie budgétaire, ne reviendront certainement pas sur ces mesures d’assainissement. Obama réélu serait incapable de les remettre en question faute de majorité parlementaire.
D’où l’indécision et l’hésitation de Bernanke qui se rend compte de l’inutilité de gaspiller les dernières cartouches de sa banque centrale dans une conjoncture où leur impact sera minimal, au vu du cataclysme à venir qui ne manquera pas d’être induit par l’imbroglio budgétaire. Conscient néanmoins d’avoir raté une occasion unique de stabiliser une croissance naissante au premier trimestre 2012, sa seule parade pour donner le change aujourd’hui consiste à se fendre de déclarations selon lesquelles il serait « prêt à intervenir ». Le personnage ne nous avait pourtant pas habitué à ces hésitations, à moins que sa volonté délibérée soit de ne pas dynamiser la croissance économique de son pays afin de ne pas mettre en péril la stabilité des prix. Auquel cas il a raison de ne pas inaugurer un troisième programme d’achats obligataires. Pour autant, si le souci de la Réserve Fédérale est bien de sauvegarder l’emploi et de préserver l’activité économique, l’inflation ne devrait nullement être sa préoccupation du moment.
Ben Bernanke sait pourtant qu’il ne peut attendre de la part des politiques de Washington la mise en place de réformes structurelles – forcément coûteuses -, pas plus que des mesures qui autoriseront la relance de la consommation, épine dorsale de l’économie US. Voilà pourquoi lui et son établissement doivent tenir – et agir – avec davantage de baisses de taux quantitatives : pour la croissance, pour l’emploi. Tant pis pour les politiques. Et tant pis pour l’inflation, qui est un si petit prix à payer pour la croissance.
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