Machiavélisme Russe

février 13, 2009 1 Par Michel Santi

Le talon d’Achille de l’Euro émanerait-il de la situation financière pour le moins périlleuse que traverse actuellement la Russie? Certaines rumeurs – tout de suite démenties du reste – faisaient état il y a quelques jours d’un ré échelonnement de 400 milliards de dollars de dettes de banques Russes dues à des créditeurs Européens. Il va sans dire que ces problèmes de liquidités d’entreprises Russes inondées de cash jusqu’à un passé encore récent aggraveraient davantage la tourmente financière qui sévit en Europe, tourmente illustrée par les difficultés invraisemblables de certains pays d’Europe dite de l’Ouest à se financer sur les marchés obligataires internationaux! De fait, si elle devait se confirmer, cette renégociation de la dette des Banques Russes fragiliserait encore plus des Banques Européennes lourdement exposées tout en sapant les fondements de l’Euro.

Une autre épée de Damoclès – économique mais également politique – menaçant l’Europe et habilement exploitée par la Russie est la situation économique et financière inextricable en Ukraine. Ce pays, déjà au bénéfice d’un prêt de 16.5 milliards de dollars consenti par le F.M.I., a ainsi demandé il y a trois jours une assistance Russe de 5 milliards de dollars visant à financer son déficit budgétaire. En fait, ce pays – virtuellement en faillite – tombera dans la sphère d’influence du pays qui voudra bien le financer et, en l’occurrence, sa proximité avec le grand frère Russe et les ambitions géopolitiques de ce dernier combinées à sa nostalgie de la splendeur de l’ex-URSS achèveront de faire basculer Kiev dans l’orbite de Moscou…

Le FMI porte une responsabilité non négligeable dans ce jeu de bascule géostratégique car ses conditions draconiennes n’ayant pu à ce jour être respectées par l’Ukraine, il a jugé bon de hausser le ton et de serrer la vis à l’encontre de Kiev qui entretient un déficit budgétaire de 3% de son P.I.B. au grand dam du FMI! Le FMI, qui a coupé le robinet des liquidités pour faire pression afin que les autorités de Kiev tendent vers un budget équilibré, ne se rend probablement pas compte que de telles mesures d’austérité aggraveraient encore plus un chômage Ukrainien en augmentation avec toutes les conséquences sociales dans un contexte d’élection Présidentielle en 2010…

De fait, la situation – ou la confusion devrait-on dire – financière Ukrainienne, déjà délicate avant la crise mondiale, ne sera pas assainie par le FMI, pas plus que par des rallonges Russe ou Européenne du reste. Effectivement, c’est l’intégralité de la structure économique – et politique – du pays qui se doit d’être radicalement réformée. Cette cacophonie est par ailleurs exacerbée – et exploitée – par une division au plus haut niveau du pouvoir politique entre partisans au retour du parapluie Russe et fervents défenseurs d’une indépendance Ukrainienne qui relève pour l’instant du phantasme…La crise mondiale n’a fait que lever le voile sur les faiblesses structurelles d’une économie Ukrainienne qui, extrêmement dépendante de son secteur industriel, voit une dégringolade sa production de l’ordre de 30% sur une année dans un environnement o๠la monnaie nationale s’est effondrée de plus de 30% depuis l’été dernier et o๠le P.I.B. devrait subir en 2009 une contraction de 5% !

On comprend mieux la panique prévalant de nos jours parmi des autorités Ukrainiennes qui se tourneraient vers le diable en personne si celui-ci pouvait leur porter secours…La Russie, pour sa part, bien qu’empêtrée dans ses propres problèmes depuis l’été dernier, en profite évidemment pour renforcer son influence sur son petit voisin, dépendance déjà illustrée par des tarifs gaziers naguère consentis à Kiev nettement plus favorables que ceux pratiqués envers l’Europe. Russie qui, dans une volonté de démonstration de sa puissance, a récemment unilatéralement augmenté ces tarifs aggravant ainsi les problèmes de Kiev tout en fragilisant les Banques Européennes.

Les autorités Ukrainiennes, se rendant aujourd’hui compte que leur salut ne viendra ni du FMI ni d’Europe, se tournent donc vers Moscou qui, dans son infinie bonté, vole au secours de Kiev avec une somme de 5 milliards de dollars supposée couvrir l’intégralité du déficit budgétaire Ukrainien. Il semblerait qu’une nouvelle page de relations s’ouvre entre ces deux pays, relations qui seront nettement plus cordiales à n’en pas douter.

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