Pour un fonds Européen de Stabilisation

février 26, 2009 0 Par Michel Santi

Tous les ingrédients d’une crise majeure en Europe sont à présent en place. En fait, le marché du crédit Allemand et, par extension Européen, s’effondrera comme un vulgaire château de cartes si les établissements bancaires Allemands régionaux très engagés en Europe de l’Est – les fameuses Landesbank – ne sont pas recapitalisés d’urgence. Les CDS Allemands – ces instruments mesurant le risque de défaut de paiement d’une dette souveraine – sont, et pour la toute première fois de leur histoire, sur le point de se dégrader en-dessous du niveau des CDS français!

Les marchés, qui anticipent le sauvetage de l’Europe de l’Est, sont en effet conscients que c’est l’Allemagne qui en assumera le fardeau de loin le plus important : C’est du reste l’ensemble de la région d’Europe Centrale et de l’Est qui est léthargique, ces nations, selon l’expression de l’agence Standard & Poor’s, “croulant sous le poids de leurs dettes extérieures”…Selon S&P, la dette extérieure de l’Estonie serait ainsi de 115% de son P.I.B., celle de la Bulgarie de 103%, celle de la Hongrie de 93%…”toutes bien au-delà de la zone de danger”. Pire encore : cette implosion Est Européenne atteint les structures mêmes de l’industrie exportatrice Allemande qui se retrouve subitement sinistrée et, à son tour, en manque de liquidités!

Ayant choisi délibérément l’inaction à partir de l’automne dernier – à savoir dès lors qu’il était évident que le cancer de la crise du crédit avait métastasé en Europe de l’Est -, l’Allemagne est aujourd’hui dos au mur, contrainte à une action dans de très mauvaises conditions. Le Gouvernement Allemand pensait-il sérieusement être capable de tirer son épingle du jeu et laisser les pays d’Europe de l’Est à leur triste sort? En réalité, Mme Merkel et ses collègues agissent exactement comme la précédente administration Bush avant elle dans la gestion de la crise financière, soit sous la seule pression d’une débâcle imminente…Le Gouvernement Allemand ayant enfin pris conscience que la banqueroute de l’Europe de l’Est affecte sa propre économie et surtout les fondements d’un système bancaire Allemand que l’on croyait insubmersible!

Les coà»ts du sauvetage de l’Europe de l’Est seront aujourd’hui gigantesques pour l’Allemagne tandis qu’un plan d’aide conçu de manière systématique et dès la fin de l’année 2008 ( quand tout le monde commençait à évoquer la crise d’Europe de l’Est ) aurait épargné les Banques et industries Allemandes tout en ayant nettement plus de chances de succès! Les riches et stables pays d’Europe de l’Ouest sont aujourd’hui acculés à agir dans l’urgence, non seulement afin de porter secours à une Europe Centrale et de l’Est au bord du coma mais également pour la survie de leurs propres infrastructures bancaires.

Ces pays sinistrés, qui doivent assainir l’état de leurs finances publiques, devraient pouvoir trouver un financement extérieur au marché monétaire car ce dernier leur impose des taux d’intérêts élevés du fait du risque inhérent contracté par les acheteurs de ces dettes souveraines respectives. C’est pourquoi les pays riches d’Europe de l’Ouest ( y compris la Suisse et la Grande Bretagne ) doivent rapidement constituer un Fonds Européen de stabilisation de l’ordre de 2.5 milliards d’Euros qui soulagera les pays de l’Est en mettant à leur disposition des garanties crédibles autorisant des conditions de refinancement à des prix raisonnables sur les marchés.

Pour la première fois depuis l’éclatement de cette crise du crédit Européenne, soit depuis l’automne 2008, l’Allemagne a, par la voix de son Ministre des Finances, publiquement évoqué des solutions de soutien aux pays de l’Est Européen mais trop de politiciens et de responsables Européens freinent encore ce processus vital pour l’ensemble du continent. De fait, ce débat sur l’opportunité, sur la nature de ces mesures ainsi que sur leur ampleur aurait dà» être entrepris il y a au moins trois mois car les dégâts monétaires et sociaux risquent d’être aujourd’hui irrémédiables. Il est déplorable que des considérations souvent électoralistes ou populistes retardent l’adoption de plans de sauvetage et ce au détriment des classes moyennes et pauvres dont on sait qu’elles seront les seules à subir les conséquences de telles hésitations.

Nos responsables et Gouvernants savent pertinemment que ces pays d’Europe Centrale et de l’Est devront fatalement être secourus si l’objectif est d’éviter à certains pays d’Europe de l’Ouest de faire appel au F.M.I.!

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