Je consomme donc je suis!

décembre 1, 2009 0 Par Michel Santi

L’expansion de l’économie Américaine a été bâtie pendant des décennies sur la gourmandise d’une consommation qui a représenté plus de 70 % du P.I.B. du pays! L’Américain moyen se distinguait en effet de tous autres peuples de la Terre par son appétit immodéré de la consommation dont la proportion à la richesse nationale a progressé de 67 à 71.6% du P.I.B. entre 1997 et 2007. Pourtant, ces dépenses effrénées, qui n’étaient en rien redevables à un enrichissement du peuple Américain ou à un usage accru qu’il faisait de son épargne, étaient tout simplement le résultat de facilités de crédit abondamment mises à la portée de toutes les bourses et de tous les ménages.

L’engouement pour l’hyper consommation à travers les cartes de crédit fut en effet rapidement distancé par la vogue des financements (et des refinancements) hypothécaires rendue possible par l’appréciation quasi linéaire des valorisations immobilières. Laquelle hausse du marché immobilier était en grande partie du reste imputable à ce crédit facile… Il devenait ainsi enfantin pour un Américain propriétaire d’un bien immobilier d’augmenter périodiquement son prêt immobilier grâce à des expertises toujours plus élevées et ce dans le seul but de dépenser le différentiel lui ayant été accordé par un système bancaire indulgent à souhaits… De 1997 à 2006, les Américains pompèrent en effet quelque 9’000 milliards de dollars de leur système bancaire au titre de prêts immobiliers sachant que les découverts sur carte de crédit atteignirent des niveaux records.

Cette consommation artificiellement provoquée par un système complice et peu préoccupé des conséquences de ce type de comportements frénétiques de ses propres citoyens fut forcément interrompue de manière brutale à la faveur de l’implosion de la bulle immobilière à l’été 2007 qui sonna le glas d’un mode de vie dont la seule fin était la consommation. L’inévitable crise favorisait dès lors toute une série de questionnements existentiels relatifs notamment à cette consommation tout à fait disproportionnée eu égard à l’épargne Américaine quasi inexistante et par rapport aux revenus stagnants des ménages. Les accusations, qui succédèrent tout naturellement aux interrogations, mirent en cause le système bancaire, le secteur peu sourcilleux des prêts hypothécaires, la Réserve Fédérale et même le mécanisme US bipartisan accusé de collusion avec les élites de la finance…

En réalité, la vulnérabilité d’un citoyen Américain entièrement dépendant de son revenu mensuel était bien connue de l’establishment financier de son pays bien avant l’explosion de la dernière bulle spéculative et l’aggravation du chômage.

Aujourd’hui, l’alternative à la consommation privée est représentée par la Gouvernement Fédéral qui constituait déjà 22% du P.I.B. préalablement à la crise. Toutefois, ces subsides Fédérales, ces stimuli fiscaux et autres mesures Keynésiennes destinés à relancer une machine grippée par une consommation en berne (et qui ne peuvent être relayés par une épargne US anémique) sont injectés dans l’économie à travers des emprunts contractés auprès de l’étranger par l’Etat Américain… En définitive, comme les 800 milliards de dollars du dernier stimulus US coà»teront au pays un total de 3’000 milliards (en tenant compte des intérêts), son impact positif à court terme est condamné à s’effacer face aux effets à moyen et à long terme désastreux de cet endettement dont le remboursement sera pompé évidemment sur l’économie réelle du pays..

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