Embrasser la globalisation, et l’infléchir

Embrasser la globalisation, et l’infléchir

novembre 20, 2017 0 Par Michel Santi

L’alternative populiste n’est pas la bonne dès lors qu’il s’agit de soulager la classe moyenne qui se trouve en détresse dans nos pays occidentaux. En termes de réponses et de solutions, il est en effet bien plus élégant de restaurer et son pouvoir d’achat et ses revenus. De fait, notre classe moyenne n’a profité qu’à l’extrême marge de la globalisation ayant principalement bénéficié aux riches et à la petite caste des experts.

Cette confiscation des retombées de la globalisation par une élite mondialisée a, en parallèle, été accentuée par l’Etat lui-même qui – au détriment de la masse des citoyens – a mis en péril ses propres comptes publics pour secourir le monde la finance suite à la crise des années 2007 et 2008. En sauvant les banques d’une banqueroute leur étant d’abord imputable, nos politiques ont cru sauver leur économie et leurs propres enfants alors qu’ils ne faisaient que renflouer ceux qui avaient parié, spéculé et joué pour s’enrichir. Ne soyons donc pas étonnés, aujourd’hui, du rejet violent de la globalisation et de tout ce qu’elle représente parmi la majorité des citoyens vivant dans ces économies que l’on affuble du qualificatif d’»intégrées» quand il est de notoriété publique que ce sont des machines à exclure et à précariser… Pour nos vieilles démocraties, la globalisation est systématiquement devenu synonyme d’hyper concentration des richesses, de perte d’influence du politique réduit au rôle de marionnette voire de pantin, le tout au bénéfice d’une infime minorité des affaires ayant fait du monde son terrain de jeu. Du reste, cette schizophrénie des revenus et des richesses n’infecte pas que les pays anglo-saxons car elle ravage désormais même les pays Nordiques et l’Allemagne.

En même temps, l’essor des technologies et de la robotisation – ayant largement contribué à baisser les salaires occidentaux et à aggraver le chômage en nos pays – a eu des répercussions extraordinairement heureuses chez les nations en développement. Leur ouverture au monde a permis l’émergence progressive d’une vraie classe moyenne au Brésil, au Mexique, en Turquie, en Europe Centrale car celle-ci est passée – en moyenne – de 35% de la population à 65% en 2017 ! Les chiffres de la Banque Mondiale indiquent en outre que près d’un milliard d’êtres humains ont pu échapper à la grande pauvreté grâce à la globalisation, qui fut également accompagnée de ses épiphénomènes, à savoir la baisse substantielle de la mortalité infantile, la progression de l’alphabétisation et de la démocratisation.

Au même moment, comme par un effet mécanique, c’est notre classe moyenne en Occident qui tire la langue, quand elle n’est pas carrément en voie de liquéfaction comme aux Etats-Unis. Ciment de notre civilisation, considérée par Tocqueville comme le meilleur rempart pour défendre nos démocraties, la classe moyenne se retrouve aujourd’hui en pleine crise existentielle. Il est donc impératif d’infléchir les effets de la globalisation car – qu’on le veuille ou non – celle-ci est là pour rester et pour durer. Comment ? En adoptant toute une série de mesures, de règlements et de lois qui contribueront à protéger un peu la classe moyenne occidentale. Car pour l’instant, et pour reprendre une comparaison incroyablement explicite employée récemment par un de mes contacts en Chine : «Pour nous, la globalisation est comme une moustiquaire qui laisse passer l’air frais mais qui laisse les moustiques à l’extérieur »…

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