L’Europe joue-t-elle à se faire peur ?

L’Europe joue-t-elle à se faire peur ?

mai 4, 2019 1 Par Michel Santi

A la faveur de la crise (soit dès 2007), l’Europe a décidé en gros de privilégier l’étranger puisqu’elle a – pour solde – très largement investi hors de ses frontières. Ayant donc délaissé leurs marchés intérieurs respectifs, certaines nations européennes ont activement contribué à l’effondrement de leurs investissements publics et privés lesquels ne se sont jamais redressés depuis, et ce en dépit de taux d’intérêt très bas censés originellement – dans un monde idéal – promouvoir la relance économique de l’Union. En effet, les taux proches du zéro, voire négatifs, ne devaient-ils pas encourager l’investissement intérieur au sein même de l’Union… quand, en réalité, ils ont eu pour effet de précipiter des flux de liquidités massifs hors de la zone euro ? Il est vrai que les politiques publiques ont largement favorisé ce phénomène d’exode des capitaux car les mesures fiscales et budgétaires adoptées pendant la crise ont nui fatalement autant à la consommation qu’aux investissements privés. Au final, la compétitivité et le potentiel de croissance à long terme européens se retrouvent très sévèrement affectés par le sous-investissement endémique dans les infrastructures publiques, qui n’est que la conséquence mécanique des politiques de rigueur et de la sortie des capitaux combinés.

L’Europe offre aujourd’hui à la face du monde un excédent monstrueux de sa balance des paiements d’environ 22 milliards d’euros. Les réponses économiques à la crise financière s’étant soldées par une compression de la demande et de l’investissement intérieurs qui a transformé l’Union Européenne en la créancière du monde ( par la courroie de transmission de l’exode de ses capitaux) ! A tout seigneur tout honneur, l’Allemagne à elle seule finance ainsi l’ensemble des nations et des continents qui achètent ses marchandises. Mais pas seulement : car cette maladie contamine également des pays comme l’Espagne et l’Italie dont la balance commerciale était chroniquement déficitaire préalablement à la crise et qui deviennent aujourd’hui excédentaires du point de vue de leur balance des paiements.

Elle était supposée aller mieux pourtant, cette Europe. Elle ratifierait enfin le départ de la Grande Bretagne. La France, sous l’égide d’Emmanuel Macron, revitaliserait le Continent. Madame Merkel lui laisserait gracieusement le premier rôle. Si ce n’est que le Président français ressemble jour après jour un peu plus à un canard boiteux. Que la Chancelière – autrefois un des personnages éminents de la planète – n’est littéralement plus audible. Que la Grande Bretagne – risée du monde – se déchire. Le moment de vérité approche donc pour l’Europe car elle doit aujourd’hui sans tarder remédier à ses fractures avant qu’elles ne la fracturent. A condition qu’elle se trouve enfin un leader charismatique et désintéressé.

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