Taux d’intérêts Européens: à la croisée des chemins

janvier 25, 2011 0 Par Michel Santi

La conjoncture économique allemande nécessiterait de raffermir la politique monétaire tandis que les pays d’Europe périphérique – qui comme on le sait luttent pour leur survie financière -bénéficieraient, en théorie, d’une politique encore et toujours expansionniste, c’est-à-dire de taux d’intérêts très réduits. Néanmoins, ce scénario de taux bas en vigueur dans des pays lourdement endettés est peu crédible car, mises au ban de l’Union, ces nations ne sauraient trouver des acheteurs pour leurs Bons du Trésor (qui seraient alors libellés dans leur monnaie nationale) en conservant des taux bas, c’est-à-dire en rémunérant faiblement les investisseurs prenant le risque d’y placer leurs avoirs… 

Pour autant, le langage ferme récemment employé par Trichet qui menace de remonter les taux européens ne semble pas vraiment opportun car l’Allemagne n’en profiterait pas vraiment car ce raffermissement exercerait une pression ascendante sur l’Euro et aurait ainsi des effets négatifs sur ses propres exportations, évidemment très sensibles à toute fluctuation adverse de la monnaie unique. Cette orthodoxie de la BCE et de Trichet n’aurait donc pas les conséquences optimales prévues car l’expansion allemande est particulièrement redevable à un secteur des exportations qui scrute quasi quotidiennement le marché des Changes. Autrement dit, et en dépit des exhortations des autorités politiques allemandes qui maintiennent une pression assez intense sur la BCE pour remonter progressivement les taux européens, la lutte contre les menaces inflationnistes en Allemagne (du fait de sa forte activité économique) serait partiellement neutralisée par un tassement de ses exportations. Par ailleurs, un petite dose d’inflation en Europe serait bien opportune pour les nations européennes périphériques qui seraient quelque peu soulagées du poids de leurs dettes, inflation qui, tant qu’elle resterait bien contenue, ne nuirait pas aux établissements financiers allemands (et français) détenteurs de quantités respectables d’obligations de ces pays…  

On l’aura compris: c’est en fait sous la pression des financiers de Francfort que les responsables politiques allemands plaident pour un raffermissement de la politique monétaire européenne, ces banquiers ayant évidemment tout intérêt à ce que leurs avoirs en Bons du Trésor des PIIGS conservent une valorisation respectable… La mainmise de la BCE sur la stratégie financière européenne se mesure à l’aune de l’ignorance macroéconomique des politiciens européens ayant abdiqué tout pouvoir financier à une BCE qui semble uniquement préoccupée par les menaces inflationnistes. Il est vrai que la BCE n’est pas dotée, comme la Réserve Fédérale US, d’un double mandat consistant tout à la fois dans la promotion de la croissance et dans la lutte contre l’inflation.

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