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janvier 7, 2011 0 Par Michel Santi

Saviez-vous qu’en ce début d’année 2011, les obligations d’Etat des pays émergents sont considérées comme moins risquées que les Bons du Trésor émis par les pays d’Europe de l’Ouest, France et Allemagne comprises? Autrement dit, les investisseurs sont plus confiants à placer leurs deniers dans les pays en développement que dans les nations de la “vieille” Europe. C’est ainsi que l’indice mesurant le risque de défaut de paiement des pays émergents dont la Turquie, la Roumanie et même l’Ukraine – le iTraxx SovX CEEMEA – est aujourd’hui au même niveau que celui qui se réfère aux pays d’Europe de l’Ouest – le iTraxx SovX Western Europe – alors que ce dernier était encore en avance de plus de 160 points en Février dernier…

Nul ne peut donc imaginer dans quelles conditions – et à quel prix? – cette Europe de l’Ouest devra – ou pourra? – se financer alors qu’elle se doit de lever environ 825 milliards d’Euros en 2011 pour simplement continuer à tourner. Et par quel tour de force magistral l’Espagne et l’Italie parviendront-elles à se financer en 2011 alors qu’elles devront se procurer à elles deux quelque 317 milliards d’Euros? Le cercle vicieux d’une rigueur ayant pour objectif de diminuer les déficits mais qui, pour solde, brisera net le (petit) élan de croissance ne motive à l’évidence pas les investisseurs vis-à-vis du financement des nations périphériques Européennes. Le spectre de la déflation par la dette sur le point de faire des ravages au sein de ces pays se traduira par une croissance mièvre, de 1.5% en 2011 selon le F.M.I., en Europe de l’Ouest tandis que les pays émergents afficheront plus que le double, soit 3.1% toujours selon le F.M.I. 

Les Credit default swap, jauge du risque de défaut de paiement de la dette souveraine, s’améliorent progressivement pour des pays comme la Bulgarie, la Lituanie et même pour le Kazakhstan mais ne cessent par ailleurs de se dégrader – parfois de manière affolante, voire terminale – pour la majorité des nations de la vieille Europe. C’est ainsi que les CDS espagnols ont accéléré leur descente aux enfers atteignant 346 points de base en ce début d’année contre 120 il y a trois mois … pendant que leurs alter ego grecs atteignent 1023 … partant de 273 points il y a trois mois! Record historique également enregistré pour les CDS irlandais qui se sont aggravés sur la même période de 448 à 640, forçant ainsi ce petit pays à s’acquitter désormais de 640’000 dollars d’intérêts pour chaque tranche de 10 millions empruntée… Le coup de grâce ayant été donné aujourd’hui par la Banque Nationale Suisse qui a refusé de prendre des obligations irlandaises en garantie de prêts consentis. Et pourquoi ne pas conclure en évoquant le cas de la Roumanie qui prévoit de résorber ses déficits jusqu’à 4.4% de son P.I.B. pour 2012 (venant de 7.2% en 2010) alors que ces déficits se montent à 15.4%, 14.4% et à 11.1% de leur P.I.B. respectivement pour la Grèce, l’Irlande et pour l’Espagne.

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