Leçon de finance estivale

juillet 23, 2012 0 Par Michel Santi

Il est temps de recommencer à s’inquiéter de la dégradation de européenne. Mais a-t-on seulement cessé de s’en préoccuper depuis bientôt trois ans ? Le chiffre terrifiant est le 7 ! En effet, voilà que l’Espagne se trouve désormais clairement au bord du précipice, voire un pied dedans, car elle se retrouve à devoir emprunter à 10 ans et à 7%. Du haut de son déficit budgétaire qui s’aggrave à vue d’œil, ce pays doit impérativement trouver environ 35 milliards d’Euros supplémentaires sur la seule année 2012 afin de continuer à tourner, à vivre en d’autres termes. Comme les marchés sont fort sceptiques par rapport aux capacités de remboursement espagnoles, ils font logiquement monter les enchères. Souvenez-vous : les marchés et les « investisseurs » n’exigent pas tant d’un pays l’austérité que le remboursement de leurs financements lui ayant été accordés… Du reste, ils ont raison de douter récupérer un jour prochain leurs mises au vu des nouvelles augmentations d’impôts et de T.V.A. décrétées en Espagne et des réductions drastiques des dépenses publiques qui auront pour effet – mécanique et attendu – d’y faire totalement sombrer la croissance. La porte est donc grande ouverte pour une dépression qui s’abattra de manière imminente sur l’économie espagnole.

 

Voilà pourquoi ces taux de financement sur les Bons émis par ce pays à 10 ans resteront à 7%, chiffre « magique » ou – devrait-on dire – maudit car il est proprement insoutenable. Car en empruntant à ce taux, ses déficits seront condamnés à se creuser davantage et ce en l’absence de toute capacité de ce pays d’imprimer de la monnaie ou de laisser filer son inflation. Un cycle infernal est ainsi sur le point de s’installer en Espagne, exactement à l’image de ce qui était survenu en Grèce, en Irlande, au Portugal… qui, ayant tous les trois atteint ce palier des 7% sur leurs emprunts d’Etat à 10 ans, ont dû être secourus par l’Union et par le F.M.I. L’autre menace majeure qui se matérialisera certainement – les voies du marché étant hélas prévisibles ! – étant l’Italie qui ne manquera pas d’emboîter le pas de l’Espagne vers cet horizon des 7% …

 

Problème : ces deux pays sont bien trop importants eu égard à la taille du Fonds de Stabilité qui est de l’ordre de 250 milliards d’Euros … sachant que les dirigeants européens se sont d’ores et déjà engagés à pomper 100 milliards hors de ce fonds pour secourir les banques espagnoles. Autre problème majeur : ce fonds est condamné à rester à ces niveaux jusqu’au mois de Septembre prochain car c’est uniquement à cette date qu’il devrait (peut-être ?) être augmenté. En attendant, les économies espagnoles et italiennes, leurs populations comme leurs entreprises, devront se résigner au pire. On le constate : le récent sommet européen de début Juillet fut bel et bien un échec. On le constatera bientôt : c’est un cataclysme global qui pourrait ravager le monde cet été si les dirigeants européens maintiennent leur passivité légendaire.

Chers lecteurs,

Voilà plus de 15 ans que je tiens ce blog avec assiduité et passion.
Vous avez apprécié au fil des années mes analyses et mes prises de position souvent avant-gardistes, parfois provocatrices, toujours sincères.
Nous formons une communauté qui a souvent eu raison trop tôt, qui peut néanmoins se targuer d'avoir souvent eu raison tout court.
Comme vous le savez, ce travail a - et continuera - de rester bénévole, accessible à toutes et à tous.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient me faire un don, ponctuel ou récurrent, je mets néanmoins à disposition cette plateforme de paiement.
J'apprécierais énormément vos contributions pécuniaires et je tiens à remercier d'ores et déjà et de tout cœur toutes celles et tous ceux qui se décideront à franchir le pas de me faire une donation que j'aime à qualifier d'«intellectuelle».

Bien sincèrement,

Michel