Une montée en puissance progressive mais irrésistible

mai 30, 2010 0 Par Michel Santi

La Grèce, qui dispose donc d’un délai d’une année pour remettre un semblant d’ordre dans ses comptes, ne parviendra certainement pas à respecter les conditions quasi surhumaines imposées par le F.M.I.. Il est vrai que et cette institution et l’Union Européenne attendent au moins quelques progrès concrets de ce pays en terme d’assainissements financiers – comprenant notamment des réformes de son marché du travail et une réduction mesurable de son déficit budgétaire – afin de poursuivre leurs plans de soutien sur le moyen terme. Une restructuration de la dette grecque étant de toute façon inévitable, il est cependant et de très loin préférable que cette autre appellation de la banqueroute intervienne dans des conditions de marché apaisée qui limiteraient naturellement les risques de contamination. Car, comme on le sait, les marchés ont la mémoire excessivement courte…

Néanmoins, il y a fort à craindre que la Grèce ne progresse pas de manière à satisfaire ses bourreaux avec, à la clé et à relativement court terme (fin 2010 au plus tard), une restructuration nauséabonde de sa dette et un impact régional en cascade qui portera le nom de “crise – voire de méga crise – de la dette souveraine” qui finira par atteindre les économies même les plus solides de l’Union avant (ou pendant) une nouvelle (et ultime?) saignée des marchés financiers globaux… En attendant que l’un de ces deux scénarios évoqués ci-dessus se concrétise, autrement dit faute de visibilité sur le long terme de l’autrefois enthousiasmant projet Européen, il va de soi que les investisseurs (qui dictent leurs lois sur les marchés de la dette) sélectionneront attentivement les diverses obligations convenant à leurs portefeuilles tout en discriminant à l’évidence les papiers valeurs des nations Européennes les moins attractives, c’est-à-dire les moins solvables.

Le projet Européen autrefois porté par le sacro saint Pacte de Stabilité présenté comme la panacée n’est donc pas parvenu à masquer une réalité criante que seuls les responsables Européens se sont obstinés à ignorer ces dernières années: des taux de productivité très différents, voire divergents, entre la majorité des pays de l’Union qui ont été exacerbés par l’inexistence d’un mécanisme qui aurait pu permettre l’harmonisation – ou l’adaptation – du taux d’intérêt Européen unique au sein de nations ayant un profil et un cycle d’activité propres. Cette réalité, aujourd’hui brutalement propulsée sur le devant de la scène à cause de l’aveuglement des technocrates Bruxellois, contraint à des transferts immédiats de richesse vers la périphérie Européenne car la compétitivité économique n’est pas un pli qui s’acquiert du jour au lendemain en dépit de mesures de restructuration drastiques qui pourraient être adoptées sur le très court terme. Les dirigeants nationaux de ces nations en mesure d’opérer ces transferts disposeront-ils pour autant de suffisamment de persuasion et de volonté politique pour convaincre leurs populations, déjà meurtries par plus de deux ans de crise financière et économique, du bien fondé impérieux de ces soutiens financiers aux pays Européens à la dérive?

Au final, la crise Européenne sera alourdie de conséquences politiques et sociales majeures qui remettront en question l’équilibre fragile et la délicate répartition des pouvoirs et des ressources entre l’Etat, le travail et les entreprises. La paix sociale que les politiques (de droite comme de gauche) ont cru acheter avec les aides, subventions, augmentation des salaires minimum … au total, autant de sucres jetés à la masse des citoyens pendant que des “happy fews” (gros entrepreneurs et grands spéculateurs) raflaient la mise en s’accaparant les vrais fruits de la croissance… cette quiétude de Gouvernements successifs n’ayant plus eu à gérer de crise sociale majeure depuis une quinzaine d’années est en train de s’effondrer sous le poids d’une interminable récession qui fait des ravages auprès de la classe moyenne conjuguée à un contexte démographique défavorable.

Attendons-nous à des luttes acharnées, fratricides car au sein d’un même pays, entre fractions qui tenteront de redistribuer en leur faveur des ressources toujours plus maigres. Le combat politique et social va redevenir plus que jamais d’actualité…

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